Enseignement

Saint Jean Eudes : Le Cœur de Jésus, Trésor de l’Eglise

Parution le 28 septembre 2024

Introduction : saint Jean Eudes, prêtre missionnaire et mystique (1601 – 1680)

Conférence donnée à Notre-Dame du Chêne à Viroflay

Par Mgr Luc Crépy, Evêque de Versailles

Jean Eudes naît en Normandie, à Ri près d’Argentan dans l’Orne en 1601, dans une famille de paysans relativement aisée. En 1615, il entre au collège des jésuites, à Caen. Jean Eudes veut être prêtre. Malgré une certaine réticence de son père, il se prépare au sacerdoce dans une nouvelle communauté de prêtres implantée à Caen, l’Oratoire, fondé par le futur Cardinal Pierre de Bérulle. Il poursuit ses études à Paris et est ordonné prêtre en 1625. Deux années plus tard, il retourne à Caen dans la communauté des Oratoriens. Parmi de nombreux apostolats, il se dévoue totalement auprès des malades de la peste en 1627 et 1631.

Sa vie est faite de prédications itinérantes avec d’autres prêtres. Ces missions peuvent durer plusieurs semaines. Il s’agit de raviver la ferveur de la vie chrétienne. Jean Eudes déploie de belles qualités de prédicateur. On parle de lui comme un lion en chaire, et un agneau au confessionnal. Au cours de ses missions, Jean Eudes s’adresse à des chrétiens ordinaires, souvent loin de la foi, mais aussi à des prêtres. Dieu veut renouveler notre cœur en nous donnant un cœur nouveau. Pour le Père Eudes, la vie chrétienne est une relation vivante avec le Seigneur.

Jean Eudes voit la misère humaine et celle du clergé. En 1641, Jean Eudes fonde à Caen, Notre Dame du Refuge (qui deviendra la congrégation Notre Dame de Charité du Bon Pasteur) avec un groupe de femmes chargée d’accueillir des femmes et des jeunes filles blessées par la vie : prostituées, femmes abandonnées.

D’autres congrégations religieuses se rattacheront plus tard à l’esprit du Père Eudes comme les Petites Sœurs des Pauvres, congrégation fondée par saint Jeanne Jugan, tertiaire eudiste. Misère humaine mais aussi misère du clergé : à cette époque, les prêtres ne sont pas préparés à exercer leur ministère. Comment avoir de saints chrétiens, si les prêtres eux-mêmes n’ont pas d’idéal de sainteté ? Pour que les missions portent des fruits qui demeurent, il faut que le clergé local soit bien préparé à exercer son ministère. Le concile de Trente, au siècle précédent, avait mis en valeur le ministère du prêtre. Dans cette logique, il fonde la Congrégation de Jésus et Marie en 1643, dénommée par la suite « Eudistes » pour les séminaires et les missions. Du vivant de Jean Eudes, d’autres fondations de séminaires suivront malgré de nombreux obstacles.

Saint Jean Eudes conjugue les qualités de missionnaire et de mystique. Ainsi on lui doit plusieurs ouvrages ou manuels destinés à aider les personnes à vivre chrétiennement. Son premier ouvrage – qui connut de nombreuses rééditions – « Vie et Royaume de Jésus dans les âmes chrétiennes », publié en 1636, donne l’essentiel de sa prédication missionnaire. Par ailleurs, s’inscrivant dans le grand courant spirituel de l’Ecole française de spiritualité – ouvert par Pierre de Bérulle – il ouvre une large et nouvelle réflexion mariale centrée sur le Cœur de Marie, celle qui a formé en son sein, mais plus encore en son cœur, le Christ (saint Augustin). Marie est la première des disciples, qui a dit oui à Dieu, nous conduit vers son Fils : « A Jésus par Marie ». Du Cœur de Marie, Jean Eudes nous conduit au cœur de Jésus. Car le Cœur de Marie, c’est d’abord le Cœur de son Fils. Marie éclaire ainsi la vie chrétienne qui est de former Jésus en nous. Saint Jean Eudes meurt le 19 août 1680. Il est béatifié en 1909 et canonisé par Pie XI en 1925, en même temps que le Curé d’Ars. Actuellement, est en cours le processus pour que saint Jean Eudes devienne « docteur de l’Eglise ».

Mettre à la disposition de tous un trésor : du Cœur de Marie au Cœur de Jésus

Un des développements les plus significatifs de la spiritualité de saint Jean Eudes est sa doctrine spirituelle concernant le Cœur. La question du Cœur chez Jean Eudes, se présente, tel un trésor marquant sa place dans le patrimoine de l’Église universelle, comme le meilleur de son itinéraire spirituel. Saint Jean Eudes n’est pas le premier à parler du Cœur, mais ce qui frappe, c’est bien la tournure liturgique, solennelle, publique, confessante, festive, célébrante qui est donnée à cette intuition, à cette dévotion et à ce concept du « cœur ». Ce n’est pas le bien d’un homme, ce n’est pas le bien d’un groupe, c’est, d’emblée, le bien de toute l’Eglise. Jean Eudes veut mettre ce trésor spirituel à la disposition de tout le peuple chrétien. La liturgie est le lieu par excellence, dans la vie chrétienne, où tous peuvent accueillir le don Dieu. Ainsi, pour donner corps à cette belle intuition pastorale, Jean Eudes, le premier, célèbre liturgiquement la fête du Cœur de Marie puis la fête du Cœur de Jésus.

Un des développements les plus significatifs de la spiritualité de saint Jean Eudes est sa doctrine spirituelle concernant le Cœur.

Ce chemin spirituel s’enracine dans cette grande perspective où la vie chrétienne est comprise comme continuation et accomplissement de la vie de Jésus. Pour arriver à une pensée construite sur le Cœur, Jean Eudes a mis en lumière le motif essentiel et premier de l’action de Dieu : l’amour. Et il a fait par ailleurs tout au long de sa vie l’expérience de cet amour, non seulement à son égard – il ne cesse de rendre grâce pour tout ce qu’il vit -, mais aussi à l’égard de ceux et celles qu’il rencontre dans ses missions. L’amour de Dieu est la source de toute chose : l’amour de Dieu pour l’homme et l’amour que l’homme a la grâce de pouvoir Lui porter. Il veut célébrer cet amour de Dieu manifesté en la personne de Jésus. L’Incarnation est une œuvre d’amour sans limite et sans pareil, et Jean Eudes regarde Jésus comme l’incarnation de la miséricorde même de Dieu :

« C’est pourquoi le Père éternel est appelé le Père des miséricordes, parce qu’il est le Père du Verbe incarné, qui est la miséricorde même.1 ».

Or, Marie est celle qui a porté le Fils de Dieu, par elle le Fils de Dieu est entré dans le monde. Jean Eudes, à la suite de son maître Pierre de Bérulle, contemple Jésus vivant en Marie, Jésus emplissant toute la vie de Marie et régnant en son Cœur. Marie est toute disponibilité, gratitude, accueil. Elle est la première qui a pu vivre la vie chrétienne comme participation et accomplissement de la vie de Jésus. La dévotion mariale de Jean Eudes prend une inflexion majeure lorsqu’il décide de célébrer publiquement, au cours de la mission d’Autun le 8 février 1648, la fête du Cœur de Marie, ou plus exactement, la fête de Jésus, Cœur de Marie. La préoccupation missionnaire, toujours actuelle, de Jean Eudes dans la célébration de cette fête,
est bien présente : Marie devient, selon les termes présents dans l’ensemble de ses œuvres, le « prototype », « l’exemplaire », le « modèle », la « règle vivante » que tout baptisé peut contempler et prier. 

Cependant la pensée de Jean Eudes continue de s’approfondir. Passé au creuset des événements douloureux de toute une longue période de calomnies, Jean Eudes sait où est son appui : le Christ et son amour sans faille. De nouveau, il met en forme liturgique ce qui lui a permis de tenir tout au long de sa vie et qui tient le monde jusqu’à la consommation des siècles, c’est ce Cœur de Jésus, « fournaise de charité ». La première fête liturgique du Cœur de Jésus est célébrée le 20 octobre 1672 à Caen. Ainsi après avoir offert en 1648 à la liturgie de l’Église le culte du Cœur de Marie, 24 ans plus tard il offre à toute l’Église le culte liturgique du Cœur de Jésus2. Il n’aura de cesse de rappeler combien Marie conduit à son Fils et combien le cœur de Jésus et de Marie ne font qu’un. Trésor de l’Église donné à tous :

« Le Cœur de Jésus est à vous parce que le Père éternel, en vous donnant son Fils, vous a donné le Cœur de son Fils ; parce que ce même Fils vous l’a donné en se donnant soi-même à vous et parce qu’il a voulu être votre chef… Le Cœur de Marie est à vous parce que Jésus vous l’a donnée pour être votre Mère et que ce qui est à la mère est aux enfants... »

L’amour débordant du Cœur de Jésus est offert à tous comme une source intarissable, et la vie humaine en reçoit son dynamisme. Et ce Cœur est donné aux croyants qui peuvent en user comme de leur bien propre ; il appelle à aimer avec le Cœur même de Jésus :

« Ne vous contentez donc pas d’aimer un Dieu infiniment aimable de toute l’étendue de ce petit cœur humain, soit corporel, soit spirituel, qui est dans votre corps et dans votre âme ; cela est trop peu de chose, cela n’est rien. Mais aimez-le ‘Corde magno et animo volenti’, de tout votre grand Cœur. […]Si vous aimez votre prochain et que vous ayez quelque action de charité à faire, aimez-le et faites pour lui tout ce que vous devez, en la charité de votre grand Cœur.i»

 

Ainsi Jean Eudes est proclamé, par l’Eglise, saint avec le titre de « père, docteur, apôtre du culte liturgique des Saints Cœurs de Jésus et de Marie » : il a offert dans la liturgie de l’Eglise le trésor des Cœurs de Jésus et de Marie à tout le peuple de Dieu.

Le Cœur de Jésus, fournaise d’amour

Dans l’encyclique Haurietis Aquas, Pie XII définit clairement, par la notion de « culte », la dévotion au Sacré-Cœur dans l’horizon très large de l’amour même de Dieu :

« le culte du Sacré-Cœur de Jésus, dans sa nature intime, est le culte de l’amour dont Dieu nous a aimés par Jésus, en même temps qu’il est l’exercice de l’amour que nous portons nous mêmes à Dieu et aux autres hommes, il consiste, en d’autres termes, à honorer l’amour de Dieu pour nous et a ce Dieu pour objet afin de l’adorer, de lui rendre grâces, de vivre à son imitation ; et il tend à amener à son absolue perfection l’amour qui nous unit à Dieu et aux autres hommes, en nous faisant mieux pratiquer de jour en jour le commandement nouveau que le Divin Maître laissa comme héritage sacré à ses disciples par ces mots : « Je vous donne un commandement nouveau, c’est que vous vous’ aimiez les uns les autres, comme je vous ai aimés… C’est mon commandement, que vous vous aimiez les uns les autres comme je vous ai aimés.i » (§ 60)

 

Saint Jean Eudes, dans des perspectives très proches, parle du Cœur de Jésus comme « fournaise d’amour ». En instituant le culte liturgique du Cœur de Jésus – après celui du Cœur de Marie – le pasteur et le missionnaire normand cherche à faire entrer plus profondément le peuple chrétien dans la célébration – liturgique – de l’amour du Christ.

Célébrer le Sacré Cœur de Jésus est une manière à la fois très simple et très forte de traduire l’amour de Dieu manifesté par le Christ Jésus, Fils de Dieu fait homme, révélant par le don de sa vie que Dieu est amour. Comme le dit saint Jean : « Voici comment l’amour de Dieu s’est manifesté parmi nous : Dieu a envoyé son Fils unique dans le monde pour que nous vivions par lui. » (1 Jn 4,9). Célébrer, fêter, honorer le Cœur de Jésus, c’est célébrer, fêter, honorer, dans l’action de grâce, l’amour de Dieu qui s’est manifesté et se manifeste pour chacun de nous et pour toute notre humanité. Voilà pourquoi, saint Jean Eudes, missionnaire infatigable, mettait au cœur de sa prédication le cœur de Jésus, ce cœur de Jésus dont le chemin passe par le Cœur de Marie. 

Célébrer le Sacré Cœur de Jésus est une manière à la fois très simple et très forte de traduire l’amour de Dieu manifesté par le Christ Jésus, Fils de Dieu fait homme, révélant par le don de sa vie que Dieu est amour.

Pour la messe du Cœur de Jésus, Jean Eudes choisit trois grands textes bibliques : « Je vous donnerai un cœur nouveau, je mettrai en vous un esprit nouveau. J’ôterai de votre chair le cœur de pierre, je vous donnerai un cœur de chair. » (Ez 36, 26) « L’amour de Dieu a été répandu dans nos cœurs par l’Esprit Saint qui nous a été donné. » (Rm 5, 5) « Mon commandement, le voici : Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés. » (Jn 15,12). Paul Milcent, le grand biographe de saint Jean Eudes, écrit qu’à travers ces trois textes de l’Ecriture choisis par saint Jean Eudes, celui-ci célèbre un cœur nouveau, un cœur immense, un cœur transpercé.i

« Je vous donnerai un cœur nouveau, je mettrai en vous un esprit nouveau. J’ôterai de votre chair le cœur de pierre, je vous donnerai un cœur de chair. » (Ez 36, 26) Fêter et célébrer le Cœur de Jésus, c’est reconnaître et accueillir la nouveauté de la vie chrétienne. Saint Jean Eudes avait bien conscience de nos difficultés à aimer en vérité, de notre péché qui nous met loin de Dieu et des autres, de tout ce qui nous écarte de l’amour dans les différents domaines de notre vie. Les paroles du prophète Ezéchiel l’ont marqué profondément : Dieu seul peut nous offrir le renouvellement de nos cœurs en nous donnant la capacité, la force et la joie d’aimer. Dieu seul peut remplacer notre cœur de pierre qui a tant de mal à aimer, endurci de mille manières, par un cœur de chair c’est-à-dire un cœur vraiment humain, c’est-à-dire créé à l’image et à la ressemblance du cœur de Dieu… un cœur créé pour aimer. Célébrer le cœur nouveau qui nous est donné, c’est accepter cet appel à la conversion, jour après jour, pour que Dieu transforme notre regard sur les autres, augmente notre souci de plus pauvres et plus petits et nous apprenne à aimer sans compter. La nouveauté de notre cœur, c’est que notre cœur ne fasse plus qu’un avec le cœur de Jésus c’est-à-dire que nous apprenions à avoir les mêmes sentiments, la même compassion, la même bienveillance que le Christ dans notre vie ordinaire.

 

« Ô mon Dieu, que votre bonté est excessive, que votre amour est admirable vers nous! Vous êtes infiniment digne d’être aimé, loué et glorifié; nous avons une infinité d’obligations de vous aimer et glorifier; mais parce que nous n’avons point de cœur ni d’esprit qui soit ni digne ni capable de nous acquitter de ces obligations, votre sagesse incompréhensible nous a trouvé, et votre bonté immense nous a donné un moyen admirable pour y satisfaire pleinement et parfaitement: c’est que vous nous avez donné l’Esprit et le Cœur de votre Fils, qui est votre propre Esprit et votre propre Cœur, et vous nous l’avez donné pour être notre propre esprit et notre propre cœur, selon la promesse que vous nous en aviez faite par la bouche de votre Prophète, en ces paroles: « Je vous donnerai un cœur nouveau, et je mettrai un esprit nouveau au milieu de vous » (Ez 36, 26 ). i»

 

« L’amour de Dieu a été répandu dans nos cœurs par l’Esprit Saint qui nous a été donné. » (Rm 5, 5) Un cœur nouveau, mais également un cœur immense. Saint Jean Eudes parle du « Grand cœur » de Jésus. Ainsi écrit-il à une des filles de la Charité : « Ma fille, savez-vous bien que vous avez deux cœurs, un grand et un petit ? Celui-ci est le vôtre, mais le grand est celui de notre bon Sauveur, qui est encore le vôtre, puisque le Père éternel vous l’a donné et que lui-même s’est donné à vous. Or c’est par cet adorable Cœur qu’il faut aimer Dieu, car que pouvez-vous faire avec votre petit cœur ? Dorénavant, dites donc : ‘Mon Dieu, je vous aime, mais avec et de tout mon grand Cœur… »i Cœur immense car, comme le dit saint Paul, par le don de l’Esprit Saint, l’amour de Dieu a été répandu en nos cœurs. L’esprit nouveau dont parle Ezéchiel, c’est l’Esprit Saint, l’Esprit de Jésus qui nous est donné par notre baptême et notre confirmation. Un cœur immense parce que l’amour de Dieu est immense et sans fin. Apprendre à aimer toujours plus, toujours mieux.

« Mon commandement, le voici : Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés. » (Jn 15,12) Cœur nouveau, cœur immense, cœur transpercé… Aimer comme le Christ nous a aimés, c’est pour les disciples que nous sommes, être appelés à suivre notre Maître sur le chemin où il donne sa vie pour tous : « Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis. » Dans nos vies, le chemin de l’amour croise, d’une manière ou d’une autre, le chemin de la Croix, par lequel il nous faut apprendre à renoncer à nous-même, à nous donner, à pardonner. C’est dans le cœur ouvert sur la croix que l’amour est victorieux du mal, de la violence et de la haine. C’est dans le cœur ouvert sur la croix que naît l’Eglise appelée à vivre et à témoigner de l’amour de Dieu manifesté dans le cœur humain de son Fils, ce cœur transpercé par la lance des hommes.

 

« Le Cœur de Jésus n’est pas seulement le temple, mais c’est aussi l’Autel du divin Amour. C’est sur cet autel que le feu sacré de ce même amour est allumé nuit et jour. C’est sur cet autel que le souverain Prêtre Jésus offre continuellement plusieurs sortes de sacrifices à la très sainte Trinité. Il s’offre et se sacrifie soi-même comme une victime d’amour, comme la plus sainte et la plus précieuse victime qui fut jamais ni qui puisse être; et il sacrifie entièrement son corps, son âme, son sang, toute sa vie, toutes ses pensées, toutes ses paroles, toutes ses actions, et tout ce qu’il a souffert sur la terre; et il fait ce sacrifice perpétuellement et avec un amour immense et infini. »i

 

Cœur nouveau, cœur immense, cœur transpercé : nous pouvons méditer tout l’évangile avec cette image du cœur aimant de Jésus : Jésus avec les foules qui ont faim, Jésus attentif à ceux qui sont malades et exclus, Jésus proche de ses disciples, Jésus ami de Marthe, Marie et Lazare, Jésus qui sur la croix n’oublie pas Marie sa mère et la confie à son disciple Jean. Saint Jean Eudes représente le cœur de Jésus comme une fournaise d’amour – un cœur d’où sortent des flammes -, elle exprime l’amour comme un feu qui éclaire, qui purifie, qui brûle et qui transforme. En contemplant le Cœur du Christ, saint Jean Eudes affirme que rien n’échappe à la chaleur de son amour.

Conclusion : le chemin du Cœur, chemin d’union au Christ, offert à tout baptisé.

Jean Eudes, prêtre, missionnaire, a prêché toute sa vie l’Amour passionné de Dieu. Le culte qu’il laisse à l’Eglise est en résonance parfaite avec son inlassable activité de ministre de la Parole.

Il s’agit bien d’annoncer à tout baptisé une Bonne Nouvelle en annonçant, par la figure du Cœur, l’amour de Dieu :

« Le Cœur de Jésus est à vous parce que le Père éternel, en vous donnant son Fils, vous a donné le Cœur de son Fils; parce que ce même Fils vous l’a donné en se donnant soi-même à vous et parce qu’il a voulu être votre chef… Le Cœur de Marie est à vous parce que Jésus vous l’a donnée pour être votre Mère et que ce qui est à la mère est aux enfants… Les cœurs des Anges et des Saints sont à vous parce que… le Père éternel en vous donnant son Fils, vous a donné toutes choses avec lui… et vous avez le droit de vous les approprier comme d’une chose vôtre… O chrétien que tu es riche ! Si tu savais en user… Si scires donum Dei ! »i

 

 

L’amour est bien l’objet du culte du Cœur de Jésus. Pastoralement (pédagogiquement), Jean Eudes montre comment Jésus possède les cœurs de tous ceux qu’Il aime, dans l’immensité de son Cœur. Il veut nous en faire don, pour qu’il soit notre « Grand Cœur », élargissant ainsi notre capacité d’aimer. Il nous permet alors d’aimer le Père et l’Esprit en vérité, et de nous aimer les uns les autres comme il nous a aimés. Le culte du Cœur de Jésus est ainsi un chemin de sanctification offert à tous les baptisés, chemin que chacun peut suivre avec Marie, tant pour saint Jean Eudes le culte du cœur de Jésus est lié avec celui du Cœur de Marie, tel en témoigne une des prières les plus connues – Ave Cor – qu’il composât en l’honneur des deux Cœurs.i

Nous te saluons, Cœur très saint,

Nous te saluons, Cœur très doux,

Nous te saluons, Cœur très humble.

Nous te saluons, Cœur très pur,

Nous te saluons, Cœur donné sans réserve,

Nous te saluons, Cœur très sage,

Nous te saluons, Cœur très patient,

Nous te saluons, Cœur très obéissant.

Nous te saluons, Cœur très vigilant,

Nous te saluons, Cœur très fidèle,

Nous te saluons, Cœur bienheureux,

Nous te saluons, Cœur plein de miséricorde,

Nous te saluons, Cœur très aimant de Jésus et de Marie,

Nous t’adorons,

Nous te louons,

Nous te glorifions,

Nous te rendons grâce,

Nous t’aimons,

De tout notre cœur,

De toute notre âme,

Et de toutes nos forces,

Nous t’offrons notre cœur,

Nous te le donnons,

Nous te le consacrons,

Nous te le sacrifions,

Reçois-le, possède-le tout entier,

Purifie-le,

Éclaire-le, Sanctifie-le,

En lui, vis et règne, maintenant, toujours et à jamais.

Amen.

1 Saint Jean Eudes, Œuvres Complètes VIII, p. 53.

2 Lors de la béatification et de la canonisation de Jean Eudes, l’Eglise le déclare « père, docteur et apôtre du culte liturgique des Cœurs de Jésus et de Marie. »

3O. C. VI, pp. 261-262

4O. C. VI, p. 264.

 5Haurietis Aquas §60

6Paul Milcent, Saint Jean Eudes, un artisan du renouveau chrétien au XVII° siècle, Paris, Cerf, 1992, pp.449 ss.

7 O.C. VI, pp. 261

8Paul Milcent, Idem, cité p. 452.

 9O.C. 8, pp. 337-339.

 10O. C. VI, pp. 261-262

 11O.C. III, p. 268-269



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